Contre un incendie, les abus et la dépendance | Un chez-soi d'abord
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10 novembre 2017

Combattre un incendie, les abus et la dépendance

Louise Schweitzer n’oubliera jamais ce matin glacial du 30 novembre 2014. « J’ai reçu un appel du gestionnaire à 4 h 15 : l’immeuble est en feu! »

Le refuge flambant neuf de 16 lits, dont la construction avait duré six mois, a été détruit à peu près entièrement.

Les pompiers n’ont pu sauver l’immeuble, mais Louise et son gestionnaire se sont précipités pour sauver les fondations. Ils ont recouvert les charpentes de ciment imbibées d’eau pour les garder au sec et les protéger contre le rude hiver des Prairies.

Louise est directrice générale du North East Outreach and Support Services Centre depuis 2009, et c’est une femme difficile à ébranler. Elle vient en aide aux gens, quels que soient leurs besoins. En moyenne, il faut huit tentatives pour qu’une personne réussisse à surmonter des abus. Seule la moitié des victimes réussit à s’éloigner pour de bon de cette mauvaise relation.

Louise n’a pas dévié de ses plans malgré l’incendie. Déterminée et forte de l’appui de la communauté, elle a mis en branle le projet de reconstruction du centre dès février 2015. À peine un an plus tard, le personnel commençait à s’y installer. En juin 2016, le centre était de nouveau au service de la communauté de Melfort. Depuis, le refuge et le centre sont à peu près toujours complets.

Le refuge se compose de logements individuels où les femmes victimes de violence peuvent séjourner jusqu’à six semaines Le centre offre un soutien et des ressources éducatives et de défense des droits. Grâce aux dons communautaires, le personnel est en mesure d’aider les femmes à retomber sur leurs pieds, des femmes comme Shelley.

Après la perte tragique de son fils à cause du fentanyl, Shelley et son conjoint ont quitté l’Alberta pour la Saskatchewan. Malheureusement, leur relation s’est vite détériorée. Le conjoint de Shelley est devenu violent et a cessé de travailler ou de contribuer aux finances du ménage. Après une grave altercation, Shelley a été arrêtée et a fait face à plusieurs chefs d’accusation. Elle a ensuite perdu son emploi.

Terrifiée et seule, Shelley a été conduite au refuge. « Le personnel m’a accueillie et m’a amenée à l’hôpital pour soigner mes blessures. Je me souviens de ma rencontre avec Louise, qui m’a dit : ‘Prends ma main, je ne te laisserai pas tomber. Je suis là pour t’aider.’ Et elle a été là, tous les jours. »

Shelley vivait à la maison, mais elle venait au centre à peu près tous les jours. Grâce à l’aide juridique du centre, Shelley a été complètement blanchie des accusations qui pesaient contre elle.

Redonner à son tour

Shelley travaille aujourd’hui avec Louise. Sa première cliente au centre est arrivée de l’extérieur de la province.

Carmen Castel arrivait d’une communauté isolée des Premières Nations dans le nord du Manitoba. Les refuges de sa région étant complets, Carmen a pris la difficile décision de partir et d’échapper à une relation abusive. Elle est arrivée avec son fils adulte, sa fille et les deux fils de celle-ci, dont l’un est décédé récemment, soit cinq personnes dans le besoin.

Selon Carmen : « Ils nous ont fait sentir comme des princes et princesses. Encore à ce jour, je leur suis très reconnaissante. C’était comme Noël en juin. Ils nous ont si bien accueillis. Ils nous ont donné toutes sortes de choses et nous ont aidés à trouver un logement, ce qui était exactement ce dont j’avais besoin. »

Bientôt Carmen allait être rejointe par son autre fille et ses trois enfants. Au bout des six semaines que Carmen a passées au refuge, Shelley l’avait aidée à trouver trois nouvelles maisons dans la collectivité pour toute sa famille.

Pendant son séjour au refuge, Carmen s’est inscrite aux Alcooliques Anonymes. Elle vient de fêter une année complète de sobriété et est aujourd’hui ambassadrice du programme. Avec l’aide de Shelley et du centre, Carmen a repris ses études et veut devenir travailleuse sociale ou conseillère en matière de toxicomanie.

Forte des expériences de Shelley et Carmen, Louise ne s’inquiète pas le moins du monde de la quantité de travail qu’il reste à faire dans la communauté : « Notre refuge n’est qu’une mesure provisoire, ce n’est pas une solution. Mon plus grand espoir, c’est que mon travail ne soit plus nécessaire. »

Ce projet a été financé par la Société canadienne d’hypothèques et de logement et la province de la Saskatchewan dans le cadre de l’Entente Canada-Saskatchewan concernant l’Investissement dans le logement abordable. Il a également profité de l’aide du ministère de la Justice de la Saskatchewan.