Un projet primé de maisons dans le Nord | Un chez‑soi d’abord
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11 décembre 2019

Une recherche primée pour de meilleures maisons dans le Nord

« À Tadoule Lake, je ressens un lien avec la terre que je n’ai pas en ville », affirme Ivan Yassie, en parlant de sa maison dans la Première Nation des Dénés de Sayisi dans le Nord du Manitoba.

Patricia Dettanikkeaze est une jeune femme qui vit dans la Première Nation de Northlands Denesuline à Lac Brochet. Elle aime aussi la beauté de sa communauté où les liens sont très serrés. « Nous avons une plage sablonneuse, la pêche est bonne et nous avons un pont continental qui mène à l’aéroport. Tout le monde se connaît. Personne n’est étranger ici. »

Ces collectivités accessibles par avion sont situées sur le 59e parallèle, à près de 1 000 km au nord de Winnipeg. La vie ici est intimement liée à la nature et aux pratiques traditionnelles de chasse au caribou et de pêche.

Malheureusement, les maisons à Tadoule Lake et à Lac Brochet n’ont pas été construites pour les climats extrêmes du Nord, ni pour le mode de vie des Dénés. Il en résulte de piètres conditions de logement qui menacent la santé des résidents.

C’est pourquoi Ivan, Patricia et d’autres Dénés étaient impatients de participer à un projet de recherche communautaire appelé Sekuwe (« Notre maison »). L’objectif de la recherche était d’imaginer exactement à quoi ressemblerait une maison dénée saine.

« Nous avons besoin de maisons qui aident les gens à demeurer en bonne santé. Des lieux accessibles où les aînés peuvent vivre près de leur famille et obtenir des soins. Des endroits où nous pouvons perpétuer notre culture et notre mode de vie traditionnel », explique Ivan.

Les Instituts de recherche en santé du Canada ont financé le projet de recherche, auquel plusieurs groupes ont collaboré :

Ce projet découle des recherches antérieures des partenaires qui ont permis d’établir un lien entre les mauvaises conditions de logement et une épidémie de tuberculose dans les communautés dénées au début des années 2000.

La Dre Linda Larcombe est professeure agrégée à la Faculté des sciences de la santé Max Rady. Elle a participé étroitement aux deux projets. Parlant des recherches antérieures, elle affirme ce qui suit : « Les infections aéroportées peuvent se propager plus facilement et les maladies peuvent être plus graves dans les logements surpeuplés et mal ventilés. Nous avons également constaté que la conception des maisons faisait en sorte qu’il était difficile pour les Dénés de pratiquer leurs traditions culturelles de chasse, de pêche et de rassemblements communautaires. »

La mobilisation de la communauté a été un élément clé du projet Sekuwe. En tant qu’associé de recherches pour le projet, Ivan a coordonné la participation de sa communauté. Cela comprenait plusieurs ateliers pour discuter et rêver de ce à quoi ressemblerait la maison idéale.

« Après le premier atelier, les gens ont commencé à parler de maisons. C’était un autre type de conversation, qui portait sur l’avenir et le fait d’être Déné. Parfois, lorsque les gens n’ont pas de choix, ils oublient les possibilités », indique Ivan.

Les étudiants en architecture ont utilisé les renseignements recueillis pour créer des plans devant permettre aux maisons de résister au climat extrême. Les maisons seraient bien isolées et résistantes aux inondations et à la moisissure. Les occupants disposeraient d’un poêle à bois pour se chauffer, au lieu d’un appareil de chauffage au gaz ou au mazout, qui est moins fiable dans le Nord.

Bon nombre des concepts architecturaux comprennent également des zones de rassemblement, des espaces flexibles pour préparer le caribou et d’autres viandes et de la place pour entreposer l’équipement de chasse et de pêche. Les plans prévoient l’utilisation de matériaux de construction que les résidents peuvent se procurer et réparer, ce qui contribuerait à soutenir l’économie locale.

Ivan et d’autres membres de la communauté ont maintenu qu’en tant que gardiens des maisons de l’avenir, les jeunes devaient participer à la conversation. Ils ont été encouragés à imaginer ce qui pourrait être possible et à se faire une idée du processus requis pour en faire une réalité.

Patricia est l’une des étudiantes qui ont participé à l’étude.

« J’ai aimé avoir l’occasion de rencontrer d’autres étudiants et de visiter l’Université du Manitoba, dit-elle. L’un des meilleurs moments du projet a été de voir à quoi les architectes avaient pensé pour construire des maisons adaptées à notre culture – comme des endroits où suspendre et faire sécher de la viande et des peaux de caribous. »

L’approche inclusive et novatrice du projet de recherche Sekuwe lui a valu la toute première Médaille du président de la SCHL pour la recherche exceptionnelle sur le logement.

Les deux communautés sont maintenant à la recherche de partenaires financiers pour les aider à concrétiser leurs projets. Dans l’intervalle, les partenaires de recherche utilisent l’argent du prix pour explorer de meilleures solutions de soins de longue durée pour les aînés. Ceux-ci doivent souvent quitter leur communauté lorsque leur santé se détériore. L’objectif est de leur permettre de vieillir dans des maisons sécuritaires et accessibles, entourées de leur famille et de leurs terres et traditions familières.

Cette médaille est le prix le plus prestigieux décerné par la SCHL pour la recherche. Ce prix annuel souligne une contribution exceptionnelle à la recherche contribuant non seulement à améliorer la connaissance ou la compréhension de l’un des domaines d’intervention prioritaires de la Stratégie nationale sur le logement, mais visant aussi un domaine d’action prioritaire mis de l’avant par le président et premier dirigeant de la SCHL. En 2018, le domaine prioritaire était l’inclusion sociale.

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