Chambres individuelles : guérir et planifier l’avenir | Un chez‑soi d’abord
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24 février 2020

Chambres individuelles : guérir et planifier l’avenir

La chambre de Graham Chesney est minuscule, mais cet espace de 38 mètres carrés a un impact majeur. Ici, Graham a sa propre salle de bain, un endroit où ranger ses effets personnels et, surtout, une porte.

Il occupe l’une des 66 chambres individuelles de transition du Centre of Hope de l’Armée du Salut au centre-ville de London (Ontario). Il paie 500 $ par mois et peut utiliser tous les services offerts, comme les repas, les services judiciaires et le soutien financier.

Graham est reconnaissant de cette chance, surtout après avoir passé quelques mois dans les dortoirs de la maison d’hébergement d’urgence du centre. Les dortoirs abritent habituellement de 4 à 6 résidents. Le roulement est continuel et les résidents sont souvent aux prises avec un large éventail de problèmes de santé mentale et de comportements.

« Ma chambre et le dortoir, c’est comme le jour et la nuit, explique Graham. J’ai de l’intimité. Je peux réfléchir. Je n’ai pas à m’inquiéter de me faire voler des choses. »

Ancien producteur laitier, puis travailleur de la construction, Graham a été grièvement blessé en tombant d’un immeuble où il installait du bardage. Des maux de dos chroniques et des dépendances subséquentes l’ont mené au centre en août 2018.

La stabilité des chambres individuelles crée aussi un sentiment d’appartenance pour Graham et ses voisins.

« Nous apprenons à nous connaître. Nous avons tissé des liens étroits, et nous nous entraidons. Je me sens en sécurité ici. »

Les chambres individuelles ont été créées en 2004. Le personnel du centre d’hébergement a constaté des améliorations dans la santé et le bien-être mental des résidents. Jusqu’à récemment, les faits étaient purement anecdotiques et non documentés.

Une nouvelle étude de la Arthur Labatt Family School of Nursing de l’Université Western est venue changer cette situation. En 2019, l’Université a commencé à documenter l’expérience des personnes qui utilisaient les chambres individuelles. L’étude visait à déterminer quels aspects des chambres individuelles fonctionnaient le mieux et comment elles pouvaient être améliorées.

La plupart des données de la phase 1 ont été recueillies lors d’entrevues en personne avec 16 résidents de chambres individuelles.

« Pour nous, il était important de faire entendre la voix des gens. Nous voulions saisir la complexité humaine de leur vie, leurs désirs en matière de logement et l’incidence des chambres individuelles et du soutien offert », explique Abe Oudshoorn. M. Oudshoorn est professeur adjoint à la Faculté des sciences infirmières de l’Université Western Ontario et le chercheur principal du projet.

L’incidence positive de l’intimité des chambres était un thème fondamental. Les résidents ont affirmé qu’elles avaient joué un rôle essentiel dans leur transition vers un logement plus stable. Ils ont aussi mentionné des améliorations sur plusieurs plans : santé, stabilité, motivation, estime de soi et sentiment de dignité.

« On nous a dit que les chambres individuelles aidaient les gens à aller de l’avant », explique Colleen Parsons, travailleuse sociale autorisée et associée de recherche dans le projet. « Le simple fait de pouvoir verrouiller une porte a beaucoup d’importance. »

L’étude a également permis de recommander des améliorations.

Les résidents ont affirmé qu’en ayant de petits électroménagers dans leur chambre ils pourraient préparer des repas simples. Ils ont également suggéré de prolonger le séjour maximal d’un an autorisé dans les chambres individuelles. Nombreux sont ceux qui estimaient l’échéance irréaliste. Selon eux, elle causait un stress inutile étant donné la longue liste d’attente pour un logement abordable à London.

Le Centre of Hope applique déjà ce qu’il a appris de ce projet de démonstration.

En janvier 2020, il a ouvert un nouvel étage de chambres à l’intention des personnes en rétablissement. Il comprend notamment un cybercafé, des appareils électroménagers et une salle de jeux. Les chercheurs de l’Université Western ont déjà commencé à suivre son succès avec la phase 2 de leur projet.

« Nous voulons connaître l’incidence des chambres individuelles sur le rétablissement des gens. Nous recueillerons des données auprès des résidents à différentes étapes de leur séjour. Nous voulons une rétroaction rapide et en temps réel afin d’apporter des améliorations selon une approche itérative », a déclaré M. Oudshoorn.

Entre-temps, M. Oudshoorn et son équipe, dont les chercheuses associées Carrie Marshall et Deanna Befus, présentent les résultats de la phase 1. Ils ont produit de longues et courtes vidéos présentant des entrevues avec les résidents. Ils ont aussi préparé un guide de ressources pratiques pour aider d’autres centres à appliquer ce modèle novateur. Ils partagent leurs connaissances lors d’importantes conférences et dans les réseaux nationaux sur le logement et l’itinérance.

Ils espèrent que le modèle des chambres individuelles pourra être reproduit dans d’autres collectivités du pays. Ainsi, plus de gens comme Graham obtiendront l’aide nécessaire à la transition vers des logements abordables permanents et stables.

La phase 1 du projet de transformation d’un refuge d’urgence en logements abordables avec services de soutien en Ontario a reçu du financement dans le cadre de l’Initiative de démonstrations de la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Ce programme de la Stratégie nationale sur le logement met en valeur des pratiques, des technologies, des politiques, des stratégies et des programmes novateurs afin d’améliorer le rendement, la viabilité et l’efficacité des ensembles de logements abordables. Ce projet est le fruit d’une collaboration entre le Centre of Hope de l’Armée du Salut, la Arthur Labatt Family School of Nursing de l’Université Western et le Centre for Research on Health Equity and Social Inclusion.

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