Une défenseuse des jeunes crée un lien avec les aînés
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Une défenseuse des droits de la jeunesse met en contact des aînés et des jeunes dans un établissement en cohabitat 

EN BREF

  • Colleen Lucier veut améliorer les conditions des jeunes autochtones dans le système de protection de la jeunesse.
  • Le système est bien intentionné, affirme-t-elle, mais de nombreux jeunes autochtones n’ont pas l’impression d’être aimés et n’ont pas de sentiment d’appartenance. Ils sont déconnectés de leur identité culturelle.
  • Colleen et son équipe de la Lii Michif Otipemisiwak Family and Community Services Society ont créé un ensemble de logements unique en son genre qui vise à combler les lacunes du système en mettant des aînés en contact avec des jeunes autochtones.
Colleen Lucier, directrice générale de la Lii Michif Otipemisiwak Family and Community Services Society, a ouvert les portes de l’ensemble Kikékyelc: A Place of Belonging à la fin de 2020.

Un lieu d’appartenance. Pour de nombreux enfants et jeunes du système de protection de la jeunesse de la Colombie-Britannique, ce concept est peu connu. Ils passent d’un foyer d’accueil à un autre et, lorsqu’ils quittent le système à l’âge adulte, ils n’ont souvent nulle part où aller et personne vers qui se tourner. Un organisme de Kamloops cherche à changer cette réalité.

L’ensemble Kikékyelc: A Place of Belonging a ouvert ses portes à la fin de 2020. Kikéyelc est un mot secwepemc qui désigne la manière dont les mères oiseaux enroulent leurs ailes autour de leurs petits pour les protéger.

L’immeuble de deux étages comprend 31 studios et appartements d’une chambre pour des aînés et des jeunes Autochtones. Il s’agit d’un ensemble résidentiel unique en son genre, dirigé par Colleen Lucier, directrice générale de la Lii Michif Otipemisiwak Family and Community Services Society.

Combler les lacunes

« Le système de protection de la jeunesse de la Colombie-Britannique est bien intentionné, affirme Colleen, mais il y a des limites et des lacunes. De nombreux jeunes qui ont grandi dans le système ont manqué d’amour et n’ont pas eu de sentiment d’appartenance pendant une grande partie de leur vie, sinon toute leur vie. Un enfant autochtone dans le système est souvent privé de son identité individuelle et culturelle. »

Le fait de favoriser les relations entre les aînés et les jeunes dans un environnement de cohabitation crée un sentiment d’appartenance
– Colleen Lucier, directrice générale, Lii Michif Otipemisiwak Family and Community Services Society

Colleen et l’équipe de l’ensemble Kikékyelc visent à combler ces lacunes.

« Favoriser les relations entre les aînés et les jeunes dans un environnement de cohabitation crée un sentiment d’appartenance, poursuit-elle. Cela permet également de bâtir un réseau de soutien pour les jeunes, de les aider à établir des liens avec leur culture, de développer leur spiritualité, leur sentiment d’avoir un but et leur confiance en eux. »

Colleen repère les aînés qui sont motivés à soutenir et à guider les jeunes, ainsi qu’à transmettre les enseignements et les traditions qui sont essentiels à la culture autochtone. Elle met ensuite ces aînés en relation avec des jeunes qui, selon elle, profiteront de la relation et y contribueront.

Un chez-soi avec un soutien social, culturel et émotionnel

Lorsque Neela, première de sa promotion au secondaire, a été exclue du système en raison de son âge, elle n’avait nulle part où aller. C’est une aînée siégeant au Conseil des aînés de la Lii Michif Otipemisiwak Family and Community Services Society qui l’a amenée à Kikékyelc.

« Après seulement quelques mois ici, nous commençons vraiment à voir Neela se prendre en main, explique Colleen. Neela a commencé à explorer sa spiritualité, et les aînés ont remarqué une croissance personnelle exponentielle pendant son séjour à Kikékyelc. »

À peine quelques mois après avoir emménagé dans l’ensemble Kikékyelc, Neela s’est découvert un sentiment d’appartenance et un espoir renouvelé pour son avenir.

« J’ai trouvé un chez-moi authentique, affirme-t-elle. Je reçois tout le soutien social, culturel, spirituel et émotionnel dont j’ai besoin. J’ai découvert un sentiment d’appartenance ici... J’ai confiance en mon avenir. » Certains aînés travaillent avec les jeunes tout en vivant hors site.

Fred, 86 ans, fait un aller-retour hebdomadaire de 180 km à partir de Merritt pour passer du temps avec les jeunes de Kikékyelc. Ses visites sont suspendues en raison de la pandémie, mais celui qui se proclame le « roi de la bannique » est un véritable atout dans la cuisine. Grâce à ses leçons sur la façon de faire du pain traditionnel les jeunes ont l’occasion de renouer avec la culture et les traditions autochtones.

Fred a réintroduit la bannique dans le monde de Neela. « Ce sont de petites expériences comme celles-ci qui rendent cet endroit si spécial et important, affirme Neela. Je suis très heureuse d’y participer. »

En commentant ces liens uniques, Colleen dit : « Ils ont une incidence puissante et positive sur les jeunes et vont bien au-delà de tout ce qui peut être réalisé dans le système de protection de la jeunesse aujourd’hui. »

Fred, le roi de la bannique (à droite) fait un aller-retour hebdomadaire de 180 km à partir de Merritt pour passer du temps avec les jeunes de Kikékyelc et les aider à renouer avec la culture et les traditions autochtones.

Refonte du système

Colleen réfléchit toujours à la façon dont le système de protection de la jeunesse peut être repensé et restructuré. Elle croit que les aînés des Premières Nations et les aînés métis se doivent de transmettre aux jeunes le genre de soutien, d’amour et de milieu de vie sûr qui existent à Kikékyelc.

« Lorsque vous êtes un jeune qui n’a jamais reçu de conseils de parents ou d’aînés, comment pensez-vous naviguer dans un monde où le coût de la vie est intenable? se demande Colleen.

Une fois que vous êtes en mesure de leur offrir cette paix et un logement sûr, vous pouvez libérer leur mental pour qu’ils pensent à autre chose qu’à la survie.
– Colleen Lucier, directrice générale, Lii Michif Otipemisiwak Family and Community Services Society

Notre objectif ici, à Kikékyelc, c’est d’éliminer l’obstacle qui empêche une population déjà aux prises avec tant d’obstacles d’obtenir un logement. Une fois que vous leur offrez cette paix et un logement sûr, vous pouvez libérer leur mental pour qu’ils pensent à autre chose qu’à la survie. Vous libérez leur mental, leur cœur et leur esprit. »

Colleen considère Kikékyelc comme un modèle qui devrait être reproduit partout au pays. Elle reconnaît que cela pourrait d’abord sembler trop gros – il n’y a pas de feuille de route. Mais un seul pied dans la bonne direction peut mettre les troupes en mouvement. Elle dit que si votre projet est honnête, de bonnes choses en découleront, et le projet se réalisera naturellement. C’est ce qui s’est produit pour elle et sa petite équipe à la Lii Michif Otipemisiwak Family and Community Services Society.

« Nous n’avons pas besoin qu’on nous présente d’autres études. Nous devons agir. En tant que membres des Premières Nations et des Métis, nous savons ce qu’il faut faire. Nous savons ce dont nos enfants ont besoin. Nous devons être ceux qui le feront, être des leaders responsables. Nous avons les outils pour briser le cycle. »

FAITS SAILLANTS

  • La Lii Michif Otipemisiwak Family and Community Services Society a reçu du financement pour l’ensemble Kikékyelc : A Place of Belonging par l’intermédiaire du Fonds national de co-investissement pour le logement, une initiative de la Stratégie nationale sur le logement du gouvernement du Canada.
  • La Lii Michif Otipemisiwak Family and Community Services Society est un organisme sans but lucratif qui se consacre à la sécurité et au bien-être des familles et des enfants métis.

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